Tribune co-signée par Jean-Bernard FALCO, président de l’AHTOP, et Didier CHENET, président du GNI-Synhorcat
Le gouvernement est sur le point de faire un joli cadeau fiscal aux meublés de tourisme et autres gîtes de France. Selon la dernière version du projet de loi de financement pour la Sécurité sociale, ils échapperaient en effet aux charges sociales et fiscales pour les revenus tirés de la location de meublés de tourisme en raison de leur « apport à l’économie française ».
Et les hôtels dans tout ça ? S’il est vrai qu’il existe en France plus de meublés et gîtes que d’hôtels – 60 000 gîtes propriétés de 47 000 particuliers contre seulement 18 150 hôtels- la contribution de ces gites à l’économie française justifie-t-elle cette discrimination ?
A l’évidence des chiffres, non !
-En terme de chiffre d’affaires, les gîtes de France réalisent 434 millions d’euros. L’hôtellerie 16 milliards.
-En terme de contribution à la fiscalité française, les gîtes affirment contribuer pour 105 millions d’euros quand l’hôtellerie y participe pour 4 milliards.
-En terme d’emplois, les gîtes de France se prévalent de 31 745 emplois directs , indirects et induits (une notion employée par Airbnb !) quand les hôtels emploient directement plus de 160 000 salariés, 460 00 salariés si l’on y ajoutent les emplois indirects (les hôtels emploient en France 23% des salariés dont l’activité est liée au tourisme).
-En terme d’investissement, les gîtes et chambres d’hôtes investissent 220 millions d’euros par an, les hôtels 2,6 milliards d’euros chaque année.
Oui, les 18 150 hôtels que compte la France contribuent bien plus que les 60 000 gites et même les 300 000 meublés de tourisme qui s’offrent désormais à la location.
Alors pourquoi ? Pourquoi le gouvernement accorde-t-il à certains des conditions qu’ils refusent à d’autres ? Pourquoi le gouvernement considère-t-il qu’il faille exonérer de charges des gites et autres meublés de tourisme quand les hôtels croulent sous leurs poids ?
Il est temps de regarder la réalité en face. Nos hôtels se meurent face à la concurrence purement déloyale des meublés de tourisme. Cette concurrence déloyale se trouve aujourd’hui confortée par le gouvernement. Pas étonnant que le nombre d’hôtels diminue quand les meublés se multiplient. Pas plus que l’hôtellerie détruise des emplois que les meublés ne combleront jamais.
Alors, une bonne fois pour toute nous posons la question au gouvernement : Voulez-vous encore de nos hôtels pour accueillir les touristes ?
Didier CHENET
Président du GNI
&
Jean-Bernard FALCO
Président d’AHTOP